Tanitoc, un auteur à découvrir !

(Illustrations : Tanitoc - tous drois réservés)

ATTENTION, cet article est une exception qui confirme la règle ! Il ne s'agit pas de littérature jeunesse.

Je vous invite à découvrir un auteur dont les ouvrages ne s'adressent qu'aux vraiment grands enfants !

Auteur et illustrateur, mais pas seulement...

Tanitoc est auteur, critique, enseignant, membre fondateur de l'International BD Society. Il a également publié dans la revue des Pays de La Loire 303* ... bien connue de nos lecteurs des bords de Loire. C'est d'ailleurs dans un petit village ligérien qu'il vit et... dessine depuis quelques années.

Sombres par le trait et le contenu des récits, les deux ouvrages selectionnés ici font plonger le lecteur à la fois dans l'histoire... et dans la noirceur de l'être humain... qui semble être un fil conducteur dans les créations de Tanitoc (il a d'ailleurs réalisé, entre autres, une adaptation d'une chanson de Tom Waits - Goin' Out West - et d'une nouvelle de Kafka.) 

L'esthétique "brute" des dessins et la force des contrastes plongent le lecteur dans des ambiances très particulières. Personnellement, j'ai été fascinée par les planches sans texte : celles qui s'organisent sur des cadrages "en portrait" sur les visages incroyablement expressifs (qui me font penser à des plans serrés des films de Sergio Leone), et surtout les pages réellement énigmatiques, où le regard doit repérer les détails qui donnent du sens au contenu (par exemple lorsque le zouave "héros" de "Qui Vivra Verra" fait une chute, on ne sait plus très bien s'il est déjà en enfer ou dans un lieu réel). Mais n'étant pas moi-même critique de bande-dessinée, je préfère vous citer quelques éléments qui je l'espère, vous mettront l'eau à la bouche.

Amateurs de lecture facile, s'abstenir !

Comme l'explique Tanitoc "Si je suis exigeant avec le lecteur, lui demandant de rester dans le flux de mes images, revendiquant une certaine illisibilité de la première lecture immédiate [...] c’est en définitive pour donner à ce lecteur une plus grande liberté de recomposition, de le considérer comme autonome et intelligent. Les silences (du texte ou de l’image : pour moi c’est exactement pareil), les ellipses, le hors-cadre, les non-dits que je cherche à maîtriser dans mes pages sont donc une tentative personnelle pour voir jusqu’où je peux emmener le lecteur sans le perdre." **

 Qui vivra verra
L'histoire :
"Ce récit traitant d'une manière décalée de la guerre méconnue de Crimée (1853-56) nous entraine toujours de belle manière avec ce superbe noir et blanc dans une histoire loufoque que n'aurait pas reniée Emir Kusturica, et dont un cochon est le fil conducteur.

Tout est si bien découpé dans cette histoire, et les aplats de noir sont si "naturels" et essentiels, que l'on se prend à s'extasier à chaque page sur une ou plusieurs cases...
Sept pages en fin de volume agrémentées de gravures d'époque et de croquis permettent d'en savoir plus sur le conflit et accompagnent donc de façon pédagogique ce très bel album." (Source : le Blog d'Hector)
 

Amstergow en 8 jours
L'histoire :
La seconde guerre mondiale et son cortège d'horreurs viennent de prendre fin. Dans une Europe dévastée, le quotidien reprend peu à peu ses droits. Le jeune Thadee, 19 ans, se porte volontaire pour réactualiser le guide touristique de la morne ville d'Amstergow, cousine blafarde de Glasgow et d'Amsterdam. Mais au fur et à mesure, Thadee va dévoiler la véritable raison qui l'a mené à Amstergow : retrouver la piste d'un père disparu, dont les dernières traces finissent dans cette ville oubliée de tous. Et ce qu'il ne tarde pas à découvrir va ressusciter de vieux fantômes que beaucoup auraient voulu voir enfouis à jamais?

"Sur un scénario dense et à l'aide d'un dessin en noir et blanc très contrasté, Tanitoc retrouve les lumières et l'ambiance des films policiers des années 1950. Sa morne ville d'Amstergow, condensé des villes d'Amsterdam et de Glasgow, est le théâtre de coups tordus, un endroit où les souvenirs mal enfouis sous les décombres des bombardements refont surface et blessent les survivants de la guerre. C'est l'œuvre d'un auteur prometteur, tant par la richesse de son scénario que pour la qualité de ses ambiances graphiques."  (source : http://doc-partage.crdp-poitiers.cndp.fr)

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* Revue 303, n° 73 (2002) : "TANITOC, «Plumes et pinceaux bien trempés de la bande dessinée»

** Extrait de "Le traité des images liées et des fumées parlantes / association 16000 Images" (catalogue de l’exposition présentée dans le cadre du 1er festival de l’image desisnée française à Beijing,du 6 au 9 octobre 2005)

Et aussi, pour les lecteurs anglophones

BOOTH, par C.C. Colbert et Tanitoc
L'histoire :
Booth raconte la vie de l'assassin d'Abraham Lincoln, John Wilkes Booth. Le livre aborde la fin inévitable de la guerre de Sécession, le suivi des alliances de Booth avec des sympathisants de la Confédération, ses fiançailles avec la fille d'un éminent sénateur, et enfin son acte criminel.
Découvrez une interview des auteurs C.C. Colbert et Tanitoc (en anglais).

D'autres ouvrages illustrés par TANITOC :

The Francophone Bande Dessinee
Auteurs : Charles Forsdick, Laurence Grove, Libbie McQuillan
Illustrations de Tanitoc
Appelée "Neuvième Art" en France, la bande dessinée a un statut qui dépasse de loin celle de son équivalent en langue anglaise. Cet ouvrage propose une découverte approfondie de l'histoire de BD, at borde des questions théoriques (comme par exemple le processus de construction d'une BD, illustré sous forme de « cases » par TANITOC), les spécificités françaises et américaines, l'approche historique de la BD et ses relations avec l'évolution de la société, (évolutions techniques, politiques, morales...). Une bible théorique sur le thème de la BD, en langue anglaise.

La Poésie américaine

Auteur : Alison Kim
Illustrations de Tanitoc

Quelle poésie peut avoir un pays si rude, bâti par tous les peuples de la terre, sans autre unité que son patriotisme ?
Justement, une poésie qui en dessine lentement les contours et en raconte passionnément l'histoire... Ils sont prédicateur, médecin, professeurs, fermier... Ils viennent d'un milieu aisé ou ont grandi dans les bas-fonds des villes, ils sont hommes et femmes, blancs et noirs, libéraux ou pro-fasciste : les poètes américains ne se ressemblent guère, mais ont le goût pour une langue, qui, sous des formes très diverses, transcende l'épopée brillante et chaotique de leur pays.